Bastides : l'ensemble de ces villes médiévales par documents, analyses et photos...

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*Lecteurs*
 

 

 

http://entrenous.free.fr/en42/bastides.htm

 

Association Entre-Nous

 
EN n°42 > Bastides
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A propos de bastide

Villebrumier est une bastide royale crée en 1263 sous le nom de "Bastida de Villabermier" par Alphonse de Poitiers qui régna sur le Comté. de Toulouse de 1249 à 1271. Il était le frère du Roi Louis IX (dit Saint Louis) et le gendre du comte Raymond VII de Toulouse pour avoir épousé sa fille Jeanne. Ce mariage faisait suite au traité de Paris en 1229 qui sanctionnait la défaite de Raymond VII et impliquait sa soumission au Roi de France, car jusque là, les comtes de Toulouse se montraient les vassaux les plus indépendants du royaume.

Mais qu'est-ce au juste "une bastide" ?

Au XIIIème siècle, ce mot désignait dans un acte officiel une agglomération nouvellement créée. Il était synonyme de "centre de peuplement" qui faisait suite dans le processus de création urbaine aux sauvetés (en occitan : salvetat cf. La Salvetat-Belmontet) et castelnaux (c'est à dire villages neufs cf. de nombreux noms de communes) des siècles précédents.

La construction des bastides s'étend dans tout le Sud-Ouest, de l'Océan au Rouergue, de l'Auvergne aux Pyrénées. Sur près de 150 ans, entre la fin de la guerre des Albigeois ,en 1229, et le début de la Guerre de Cent ans en 1350 ,avec une apogée dans les années 1280/90, plusieurs centaines d'agglomérations de ce type verront le jour.



Quelques aspects de ces agglomérations peuvent être dégagés :

  • la création intervenait sur terrain vierge ( dit "a novo") ;

     
  • l'acte de fondation était scellé dans un contrat appelé "paréage" (c'est à dire en commun, à parité) et passé par le souverain, représenté par son sénéchal (officier royal) et le propriétaire du terrain (le seigneur local le plus souvent). Cet acte prévoyait que les droits et les revenus soient partagés pour moitié entre le fondateur et le propriétaire ;

     
  • une charte de coutumes fixait les rapports entre l'autorité fondatrice et les habitants qui désignaient leurs représentants (les Consuls) pour gérer les affaires. Ces personnages sont choisis parmi les notables qui paient le plus d'impôts. Ils sont chargés de répartir la taille (impôt direct) et disposent d'un pouvoir de police. (Entre-Nous a publié la charte de Villebrumier accordée en 1268 par le seigneur Pierre de Loubaresses et confirmée en 1576 son successeur Mariet Du Bosquet) ;

     
  • le plan architectural présentait un urbanisme régulier et géométrique qui traduisait le double souci des fondateurs:organiser et gérer l'espace d'une part et se montrer égalitaire d'autre part. Schématiquement, trois types de parcelles étaient répartis en zones concentriques.
L'organisation de l'espace

Au centre, le périmètre réservé aux habitations , présentait des lots de 100 à 300 mètres-carrés et était délimité par une enceinte.(intra muros). Le quadrillage des rues ménageait, au milieu du village, une place bordée d'arcades (appelées aussi couverts ou cornières) et parfois munie d'une halle.

Désormais, les constructions ne sont plus orientées en fonction du château ou de l'église, mais s'articulent en priorité autour de la place et de la rue longitudinale. Parfois, l'arrière des maisons est desservi par une ruelle étroite (cette configuration existait il n'y a pas si longtemps dans notre village, entre les demeures des rues Haute et Gambetta). Les rues étaient droites et hiérarchisées en fonction de la nature de l'utilisation : charretière (carrièra) ou piétonne (carrièron) .Des égouts souterrains pouvaient exister : c'est la cas à Villebrumier, mais datent-ils de si longtemps ?

Notre agglomération ne présente pas de place centrale; celle dite de la Mairie était "une grande promenade" selon un texte de 1793. Des écoles et des hôpitaux gérés par des ordres religieux, fonctionnaient : n'existe-t-il pas dans notre bourg une "Rue de l'Hôpital" ? De nombreux puits, parfois mitoyens, étaient creusés ; certains se trouvaient à l'intérieur de l'habitation; il en subsiste plusieurs dans le village même si quelques-uns ont été comblés.

L'église était un bâtiment multifonctionnel, à la fois lieu d'assemblées et lieu de refuge. Le cimetière, dont l'implantation était source de difficultés, lui était attenant.

Tout autour, se répartissaient les jardins (juxta muros) d'une étendue d'un quart d'arpent chacun, soit 600 ou 700 mètres-carrés ; ils servaient de potagers et de poulaillers.

En troisième lieu, on trouvait les terres arables où chaque champ mesurait un arpent, soit environ un quart d'hectare ; elles étaient destinées aux cultures et aux vignes.

Enfin une dernière catégorie de terrains étaient la propriété indivise de la communauté. Appelés "padouencs" ou "communaux" (cf. le Communalet), ils étaient réservés au pacage et leur existence, comme celle de beaucoup de bois communaux, pouvait être vitale pour les habitants les plus défavorisés.

Chaque nouvel habitant, moyennant une redevance annuelle, recevait la concession d'un emplacement de maison et d'un jardin.

Ainsi, à y regarder de près, Villebrumier présente de nombreux aspects d'une bastide, même si manquent les arcades et la place centrale, mais elles apparaissent rarement au nord de Toulouse. Peut-être faut-il attribuer cette anomalie au fait que entre la fin du 10 éme siècle et le milieu du 14 éme, se sont superposés deux types d' agglomérations : le castelnau (château neuf) et la bastide. La frontière est parfois difficile pour définir l'un et l'autre. Par ailleurs, la destruction complète du village en 1622, lors des guerres de religions, puis sa reconstruction, ont modifié assurément l'aspect architectural initial.

Enquête de Guy
(notamment d'après le magnifique ouvrage
"Bastides, villes nouvelles du Moyen Age"
aux éditions Milan)


N. B : Avant publication, je me suis permis de soumettre mon texte à Guy Astoul qui est historien et autrement compétent que moi en la matière.
Il m'indique :
"Tu t'es attaqué à un des problèmes les plus controversés de l'histoire méridionale : celui des bastides !
Ton article est intéressant, et quoique je ne sois pas le plus compétent pour en juger, j'ai fait quelques remarques sur les points les plus discutables. (J'en ai tenu compte ! , GJ)
Je joins une note que j'avais faite pour préparer un cours. Ce que tu écris ne la contredit pas, sauf sur les aspects architecturaux" :

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Bastide : autre propos

Le terme de bastide recouvre des réalités très variées qui ne peuvent permettre une définition unique et précise. "Il n'y eut pas de fondation-type, mais autan de cas particuliers que de bastides selon la présence ou la proximité d'un peuplement ancien". reconnaît Odon de Saint-Blanquat, jadis Archiviste des Archives départementales de Haute-Garonne, dans "Qu'est-ce qu'une bastide ?", Cahiers de Centre d'Etudes des Bastides du Sud-Ouest, n°1, 1992, p.5. La bastide est aussi bien un regroupement d'habitants dispersés qu'un attribution de statut à un village déjà en plein essor, la réorganisation plus ou moins totale, sur une nouvelle base juridique et parfois urbanistique, de centres anciens (castra, castelnaux, sauvetés), ou même leur extension en créant un quartier nouveau, comme à Auvillar ou à Verdun-sur-Garonne, voire en agrandissant, de façon substantielle, l'espace urbain préexistant comment à Montpezat-de-Quercy.

Dans tous les cas d'un projet de bastide, on trouve, à son initiative, la volonté de regrouper, d'attirer et de fixer une population, quelle qu'en soit la raison, sous la forme d'un statut juridique avantageux, avalisé immédiatement ou postérieurement par des franchises et des coutumes. En, réalité, le terme "bastide" n'est pas bien défini lorsqu'il est utilisé au XIIIème siècle. S'il désigne, à l'origine, un lieu fortifié, il est ensuite fait allusion aux bastidas seu villas novas, bastides ou villes neuves, bastidas seu populationes, bastides ou communautés, et l'on peut ainsi qualifier de bastide toute fondation, extension ou attribution de statut, chronologiquement située entre 1222 et 1350-70. Odon de Saint-Blanquat se montre plus restrictif : "Nous disons qu'une ville est une bastide quand les textes relatifs à sa fondation la qualifient ainsi" dans La fondation des bastides royales dans la sénéchaussée de Toulouse aux XIIIème et XIVème siècles, CRDP Toulouse, 1985, p.7. Mais ces textes ne sont pas toujours conservés, et ceux qui le sont ne contiennent pas forcément le mot attendu, qui peut apparaître un peu plus tard dans un autre document, si bien que ces restrictions ne semblent pas justifiées. Même l'association de deux paréagers qui concluent un contrat n'est pas non plus un élément déterminant, car de nombreuses fondations sont dues à un seul grand seigneur agissant de son propre chef, ce qui fut le cas pour Raymond VII, comte de Toulouse, ou pour les abbés de Moissac, de Granselve ou de Belleperche.

Les travaux récents du Centre d'Etudes des Bastides de Villefranche-de-Rouergue considèrent que le phénomène est tellement diversifié et complexe qu'il ne saurait être établi de définition tranchée, intégrant par exemple les paramètres habituellement retenus : fondation ex nihilo, paréage, coutumes, tracé géométrique souvent orthogonal du site. La bastide doit être perçue, selon les cas, soit comme l'entreprise d'un accroissement ou d'une stabilisation de population, pouvant prendre diverses formes matérielles et surtout juridique, soit comme l'expression de choix politiques nés des désirs d'un seigneur, du pouvoir royal, ou même d'une communauté villageoise. Il ne convient pas de considérer le mot "bastide" comme le terme générique d'un cadre strictement défini, caractérisé par des constantes incontournables, mais comme l'expression multiforme d'un phénomène étalé sur toute la période de paix des XIIIème et XIVème siècles.

Dans la région toulousaine, c'est Alphonse de Poitiers qui met à l'honneur le contrat de paréage, signé à parité, au nom du roi, avec le seigneur du lieu, et il a contribué à créer de nombreuses bastides qui se trouvent au nord de Toulouse... Comme Villebrumier !

Texte établi d'après la note n° 72 du chapitre 6 du livre
"L'abbaye cistercienne Notre Dame de Belleperche en Lomagne"
par Jean-Michel Garric.

Guy Astoul

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