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Remparts
et 
 bastides.
 
Au  moyen-âge, la ville est perçue comme un lieu de sécurité. Le fait que les chartes, dans certains cas, puissent reconnaître aux habitants le droit d'édifier une clôture de défense se comprend davantage comme l'octroi d'un "privilège" de liberté en supplément d'autres droits reconnus par les seigneurs. Cependant la conjoncture historique n'est pas absente en la circonstance.
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Bastides sans remparts :
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En effet, après la terrible répression contre les Albigeois par les Croisés de Simon de Monfort et le traité de paix signé à Meaux en1229, certaines places fortes du comte de Toulouse sont démantelées. 
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Pour maintenir son pouvoir, Raymond VII - dans le respect du traité de 1229 - recherche alors des positions stratégiques naturellement défensives pour y installer des villes ouvertes, des villes neuves : les bastides. Ce sont des bastides sans remparts.
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En 1249, à la mort de Raymond VII, c'est Alphonse de Poitiers, frère de St Louis, qui prend possession du comté de Toulouse - en tant que mari de Jeanne comtesse de Toulouse - comme le stipulait le traité de Meaux. 
Alphonse de Poitiers, administrateur avisé du comté de Toulouse,  va être le véritable promoteur de l'expansion des bastides, jusqu'à sa mort en 1271. Il respecte lui aussi le traité de Meaux de 1229 qui interdit les remparts.
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Bastides avec  remparts :
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A la mort d' Alphonse de Poitiers, le Comté de Toulouse est administré, au nom du roi de France, par le sénéchal Eustache de Beaumarchais de 1272 à 1294. 
Dans la foulée de ses prédécesseurs, il complète le réseau déjà en place en créant à son tour 22 bastides, entre Garonne et Adour. A partir de 1279 le contexte politique change et les enceintes fortifiées vont se multiplier autour des bastides.
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A la mort d'Alphonse de Poitiers, les représentants de Philippe le Hardi (1270-1285) et de Philippe le Bel (1285-1314) - dont Eustache de Beauharnais - poursuivent le mouvement des bastides, imités à partir de la fin  XIIIème siècle par Édouard Ier d'Angleterre. Bordeaux servant de centre de diffusion pour les Plantagenets et Toulouse pour les Capétiens. 
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Domme et Monpazier sont  exemplaires de cette nouvelle approche militarisée des bastides : Philippe le Hardi créé en 1281 Domme avec des remparts, Édouard I° répond par Monpazier en 1284 également avec des remparts. Les villes ouvertes ne sont plus qu'un souvenir redevables de plus de cinquante ans de paix dans le respect du Traité de Meaux de 1229.
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De proche en proche, le mouvement qui pousse à fortifier les bastides va s'intensifier au début du XIVème siècle,  jusqu'en 1337 lorsque la guerre de Cent Ans débute officiellement. Ainsi, les remparts participent dorénavant d'une fonction de sécurité mais certaines d'entre elles d'une fonction militaire le long de la frontière entre Capétiens et Plantagenets. 
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Les remparts de bastides :
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Certaines chartes ont, avant même 1279, ont reconnu le droits aux habitants de construire un mur d'enceinte avec promesse même de la part des seigneurs de participer financièrement. .
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Il y a là reconnaissance d'un droit de sécurité plus que d'un souci militaire. Droit qui est source de fierté comme le démontre certaines armoiries de villes ornées de remparts.
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Cela dit les habitants n'ont pas construit leur mur rapidement car les frais étaient conséquents et les seigneurs peu presser de participer à de telles dépenses. A Monflanquin, par exemple, il faudra attendre plus de vingt cinq ans - une génération - et la menace d'une guerre, après 1279, pour que ces murs envisagés soient enfin édifiés. A Mirepoix, bastide créée en 1279, il faudra attendre 1362...
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Quand l'enceinte se met en place, il arrive que ce ne soit qu'une simple levée de terre avec fossé ce qui semble avoir été le cas de Villeréal sinon d'une palissade en bois comme à Monségur. La réalisation d'une enceinte en pierres est souvent l'occasion d'une convention entre l'autorité souveraine et les habitants de la bastide comme le démontre les accords de 1283 entre Jean de Grailly, sénéchal de Édouard I°, et les habitants de Monclar, Monflanquin, Puymirol,  Tournon.
Le mur est souvent sans fondation, bâti soit en briques soit en pierres avec une épaisseur de 1m. à 2m.
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Les portes de la ville les "portalias" sont souvent rudimentaires dans un schéma assez répandu : une herse, un assommoir, une porte à vantaux. Il arrive qu'un pont-levis vienne compléter l'ensemble. Toujours dans le schéma classique, la porte est dominée par une tour d'un étage avec archères. Sur le mur d'enceinte lui-même, les tours sont rondes ou carrés, indifféremment.
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Le chemin couvert permet de se déplacer derrière le mur d'enceinte. Il est souvent l'objet d'empiètement : des maisons viennent s'y accoler directement par des sortes de pontets qui permettent le passage au-dessous,
Ce chemin peut s'effacer quand des maisons viennent directement s'appuyer sur les remparts devenus "mur aveugle" des habitations. Les remparts peuvent aussi servir de mur de soutènement à des jardins en terrasse à l'intérieur de l'enceinte. 
Dans la conception militaire aboutie, le mur d'enceinte est précédé, à l'extérieur d'un fossé et parfois d'un mur "contrescarpe" moins haut.
Remparts
et
Fonctions de la Bastide
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Le fait que les Bastides aient été bâties au Moyen Age a eu pour conséquence de privilégier la fonction militaire dans l'analyse des observateurs du XIX°.
 
Une approche plus approfondie amène à une conception plus large aujourd'hui, où l'on prend également en considération les aspects économiques, financiers, administratifs; sans pour autant ignorer la dimension militaire illustrée par les remparts. Les bastides du haut agenais peuvent servir d'exemple en la matière.
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X        X
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Bastides alphonsines
villes ouvertes
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Nombre de Bastides du haut agenais n'ont eu leurs remparts qu'avec retard compte tenu que le traité de Paris - de 1229 - accordait aux Comtes de Toulouse la possibilité de fonder des bastides "à la condition qu'elles ne soient pas fortifiées". De ce fait, les bastides alphonsines ne comportaient à l'origine aucun système défensif. Il fallut attendre la pression des PLANTAGENETS, quelques années plus tard, pour que les remparts soient construits. 
 
A CASTILLONNES, les consuls, en 1319, offrent au Roi Duc d'Aquitaine de faire bâtir toute la clôture si ÉDOUARD II accepte de prendre quatre portes à ses frais. On peut se demander si l'ancien château, en partie restauré, ne constitue pas l'appareil défensif essentiel de la Bastide.

A VILLEREAL, il semble que la ville n'ait jamais eu de remparts pour se défendre mais de simples levées de terre, des abrupts et des fossés; l'abside de l'église étant le seul point véritablement fortifié.

A MONFLANQUIN, en 1282, durant l'été, un grave désaccord s'élève entre les habitants de la ville et ceux du détroit c'est à dire extra-muros. Les premiers affirment que les seconds doivent participer à la construction des remparts et ces derniers, pour s'y soustraire, se fondent sur le fait qu'ils ne bénéficient pas des coutumes et privilèges de la ville.

Jean de GRAILLY, alors sénéchal du Roi d'ANGLETERRE, ménage un compromis : les 177 feux du détroit, mais hors la ville, paieront mille livres arnaudines et seront quittes de la construction des remparts, tout en conservant les mêmes privilèges que les habitants de la Bastide. Les murs seront l'oeuvre des consuls tandis que les quatre portes fortifiées seront à la charge d'Edouard Ier.
Avant décembre I283 Jean de GRAILLY va passer des accords sur les remparts avec les consuls de TOURNON, PUYMIROL, MONCLAR et MONFLANQUIN .

Les Bastides alphonsines du Haut Agenais apparaissent bien comme des villes ouvertes dont les remparts ne s'élèvent qu'avec l'arrivée des PLANTAGENETS.
 
Tandis qu'à MONPAZIER - Bastide des Plantagenets - la cité en est dotée dès la conception : les bourgeois, dont les finances sont affectées par une sécheresse terrible, n'en sont pas moins rappelés à l'ordre par EDOUARD Ier, en 1289, pour terminer rapidement les fortifications envisagées cinq ans plus tôt.
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La 
   Guerre
de
Cent Ans
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Les remparts voulus par EDOUARD 1° trouvent leur justification, avant même la guerre de cent ans proprement dite, quand, en 1293, s'ouvrent les hostilités avec PHILIPPE LE BEL à propos de la GUYENNE

A partir de cette date la rivalité des CAPÉTIENS et des PLANTAGENETS ne va pas cesser d'endeuiller la région même si des trêves, des traités, sont signés apportant une accalmie précaire.
Chaque seigneur du cru prenant fait et cause pour l'une ou l'autre maison royale s'empare indûment des paroisses, des terres; en ce début de XIV'° siècle l'anarchie règne en AGENAIS et les remparts ne sont pas un luxe.

Pendant la Guerre de Cent Ans, de 1336 à 1453, sur le plan Agenais les grandes entreprises guerrières sont rares.
La plupart du temps ce sont de petites expéditions qui se succèdent et s'enchevêtrent sur une sorte de damier aux cases bicolores, tant le réseau des Bastides anglaises est mêlé à celui des Bastides françaises.
Dans cet imbroglio dangereux les remparts permettent de se préserver au maximum des exactions des uns et des autres, avec quelques hommes en garnison sous l'autorité d'un capitaine.

Cependant, avec beaucoup de constance, les foires et marchés continuent à se réunir. La langue d'Oc fait résonner les rues et la halle de ses accents, quelque soit l'occupant dont la langue est ignorée le plus souvent. Permanence de la vie, de la langue, de la fonction commerçante au delà de la mouvance politique et des aléas militaires.
Permanence également de la fonction administrative, que la structure soit organisée autour de la Maison Royale d'ANGLETERRE ou de FRANCE. Un sénéchal remplace l'autre et, de la même façon, un bayle prend la place d'un autre bayle. Mais le rôle, la fonction des bastides  subsistent dans la mesure où les prérogatives de la Jurade sont, chaque fois, reconnues par le nouvel occupant.
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Les Guerres
de
Religions : MONFLANQUIN
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Après la guerre de cent ans, s'ouvre une longue période où les grandes confrontations se déplacent vers d'autres cieux.wpeB1.jpg (7969 octets)Ce qui pousse les responsables des Bastides à moins entretenir les remparts, charge financière d'autant plus lourde que leur utilité n'est plus évidente et que la région est exsangue.

Mais avec les guerres de religion, les Bastides vont redécouvrir, pour un temps, l'importance de la fonction militaire.
Par exemple MONFLANQUIN qui opte pour les huguenots et, dès lors, doit résister aux pressions catholiques venues de l'extérieur.  

MONFLANQUIN, place forte convoitée dans le Haut Agenais, voit son rôle militaire renforcé par la nomination d'un gouverneur dont les  directives militaires s'accompagnent de responsabilités administratives et financières au profit non pas de la cour de FRANCE mais de NERAC où le futur HENRI IV s'est installé. 
 
La Bastide fortifiée prend, en la circonstance une importance reconnue dans le réseau militaro-administratif installé en GUYENNE par le Prince de BOURBON. C'est une sorte de consécration du rôle des remparts.
L'apogée de la fonction militaire vient, en 1598, quand MONFLANQUIN est reconnu, par les dispositions de l'Edit de NANTES, en tant que place de sûreté des protestants avec une garnison permanente de dix huit hommes.
 
Sa qualité de place de sûreté vaut à MONFLANQUIN d'être impliqué encore en 1621/1622 dans le conflit qui oppose les protestants à LOUIS XIII.
 
Loin de répondre aux espoirs du Luc de LA FORCE, le gouverneur de MONFLANQUIN finit par jurer obéissance et fidélité au Roi. En Janvier 1622 le Baron de CASTELNAU - l'un des fils du Duc de LA FORCE - investit la Bastide et fait renforcer les remparts.
 
C'est en quelque sorte le chant du cygne de la fonction militaire car, en Juin 1622, le Marquis de THEOBON, allié de la famille de LA FORCE, rend la ville sans coup férir au Roi. Cette fois les remparts vont être démantelés sur plusieurs mois sinon plusieurs années et, en 1628, l'année du siège de LA ROCHELLE, les fortifications sont rendues définitivement inopérantes sur le plan militaire.

L'exemple de MONFLANQUIN situe, de façon claire, la relation entre bastides du Haut Agenais et remparts. Nés de la volonté politique de la monarchie anglaise au XIII° siècle, abattus par la monarchie française au XVII], les remparts - symbole de la fonction militaire - ont protégé pendant trois siècles les fonctions fondamentales des Bastides. Ces fonctions, l'administrative et l'économique, ont survécu aux remparts comme elles les avaient précédé.
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X     X

X
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D'une façon générale, il faut insister sur le fait que nombreuses furent les bastides qui n'ont jamais eu de remparts et que d'autres ne les ont eu que tardivement. Les remparts ne font pas la bastide.
 
En effet,  les Bastides doivent être considérées comme des ensembles urbains répondant à des besoins complexes et plus ou moins dominants suivant les différentes périodes de leur existence. Il est heureux qu'il en soit ainsi, sinon qu'en serait-il resté une fois les remparts et la fonction militaire disparus.
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Georges ODO
    Mai 1993
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Bibliographie

BOUYSSY - "Notice historique sur CASTILLONNES" Ed. de Bourzac 1987.

HOARE - "CASTILLONNES, les origines de la Bastide " CEB 1990

ODO - "Les remparts et les fonctions de la Bastide de MONFLANQUIN"  Sous Les Arcades n° 257. 1990
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Bibliographie
- "Le bâti ancien en bastide"  Calmettes et Cornu - 1985
- "Bastides, villes nouvelles du moyen-âge" Lauret A., Malebranche R., Séraphin G. - éd. Milan 1992
- "Les bastides, essai sur la régularité" Divorne F. Gendre B. Lavergne B. Panerai P. -éd. AAM 1985.
- "Monpazier" Pons J. - 1997.
- "Histoire de la France urbaine" Duby G. - Seuil 1980.
- "Encyclopédie médiévale" Viollet le Duc - Inter Livres