Bastides : l'ensemble de ces villes médiévales par documents, analyses et photos...

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*Lecteurs*
 

 

 

http://www.fltr.ucl.ac.be/FLTR/HIST/mage/Colloque%20Village/R%E9sum%E9s16%20PM.htm

 

Colloque
"Autour du village".
Etablissements humains, finages et communautés rurales entre Seine et Rhin (4e - 13e siècles)
Louvain-la-Neuve, 16 et 17 mai 2003

Le cas des régions entre seine et Rhin (4e - 13e siècles). Quelques balises.
Héritages, mutations, innovations

› Résumé des communications

Le paysage rural au Moyen Age. Contribution de la palynologie. Approches méthodologique et thématique
Ann DEFGNEE, Université catholique de Louvain

 

L'étude du paléo environnement dont participe la palynologie, prend une place de plus en plus importante dans la recherche archéologique et historique. Les données sur l'environnement naturel constituent aussi des archives du sol, le sédiment étant un remarquable enregistreur non seulement de facteurs naturels comme les variations climatiques ou circonstances édaphiques mais aussi d'événements et processus liés aux activités humaines.
Les développements méthodologiques dans le domaine de l'archéologie, l'essor des " écohistoriens ", et les apports de l'écologie en général, ont conduit à ouvrir de nouveaux horizons de recherches et les questions posées par les archéologues et historiens se font plus diversifiées et plus précises.
Investir le domaine de recherche qu'est l'action de l'homme sur le milieu et développer des méthodes d'analyse adaptées aux données archéologiques et aux écofacts permet aujourd'hui de faire un constat de plus en plus précis des choix pratiqués par un groupe humain à une période donnée, parmi les ressources naturelles disponibles et dans une perspective diachronique, il devient possible d'en évaluer les héritages et les ruptures. Nous savons maintenant que l'environnement biotique diffère de l'actuel, même à des époques récentes, et notre souci doit être d'évaluer le "biais anthropique" pour replacer l'activité dans son écosystème.
Dans cette perspective, et plus particulièrement pour les périodes dites " historiques ", il est apparu important en palynologie, de réfléchir au-delà du simple phénomène d'anthropisation, mais sur ce que l'on appelle plus communément aujourd'hui " la prise et déprise anthropique " des sociétés sur le milieu.
La contribution de la palynologie à notre connaissance du paysage rural médiéval est illustrée par deux exemples choisis, abordant une évolution de la végétation par le biais d'approches différentes qui permettent d'aborder les méthodes et applications de la recherche paléo environnementale.

Le réseau routier antique : survie, adaptations, déclassement au Moyen Age
Marie-Hélène CORBIAU, Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix - Namur / Région Wallonne
Jean-Marie YANTE, Université catholique de Louvain

Œuvre conjointe d'une archéologue de l'époque romaine et d'un historien médiéviste, cette intervention se focalise sur quelque 80 kilomètres de la chaussée romaine Arlon-Tongres, entre la première ville et les environs de Marche-en-Famenne, pour l'essentiel dans la traversée du massif ardennais. Alors que des fouilles récentes permettent de préciser et de corriger le tracé traditionnel de cette route et d'axes qui la croisent, des sources littéraires des IXe-XIe siècles attestent le maintien en service de certains tronçons. Quand la documentation - essentiellement textuelle - est moins chichement comptée dans la seconde moitié du XIIIe siècle et au XIVe, deux routes relient le Brabant à Luxembourg, via Namur ou Huy, et Bastogne. Ponts, péages, auberges et hôpitaux, ainsi que des centres commerciaux, politiques et/ou administratifs (de création médiévale à l'exception d'Arlon) balisent ces artères. Dans des proportions variables, celles-ci semblent combiner pistes antiques, tronçons de grandes chaussées, anciens diverticula ( ?) et chemins de facture médiévale. Dans le dernier tiers du XIIIe siècle, les préludes de la guerre de Cent Ans et l'établissement de nouveaux péages en France provoquent la décadence des routes menant par la Champagne les laines anglaises en Italie et confèrent une importance considérable aux itinéraires traversant l'Ardenne.

L'habitat rural aux IVe - VIe siècles entre Seine et Rhin : héritages, mutations, innovations.
Paul VAN OSSEL, CNRS Nanterre

L'étude du " village " médiéval aboutit toujours, d'une manière ou d'une autre, à s'interroger sur ses antécédents et sur les mutations qui ont entraîné la transformation des modes d'habitat à l'époque romaine, particulièrement durant l'Antiquité tardive.
Cette communication a pour but de dresser un bilan actualisé des connaissances sur l'habitat rural des IVe et Ve s. dans le nord de la Gaule et de préciser dans quelle mesure les changements qui s'opèrent à cette époque ont pu avoir une influence sur la formation de l'habitat du haut Moyen Âge et, au-delà, du village médiéval.

Dans cette perspective, il importe de présenter les principaux caractères de l'occupation rurale du Bas-Empire et de souligner les évolutions qui se font jour jusqu'au début du VIe s.
1. Permanence des points de peuplement et diminution de leur densité. Les recherches récentes mettent de plus en plus souvent en évidence une large permanence des points de peuplement dans les campagnes du nord de la Gaule au IVe s., mais aussi une diminution de leur nombre. Ce phénomène, variable selon les régions, est attesté à peu près partout et il n'est plus guère possible aujourd'hui de soutenir la thèse d'une désertion quasi totale des établissements ruraux, y compris dans les régions les moins favorisées. Selon les régions, la permanence de l'habitat varie entre 20 % et 80 % du tissu rural préexistant.
2. Dispersion des habitats ruraux. Partout où il a été possible de dresser une carte de répartition correctement documentée, la même constatation s'impose : l'habitat tardif reste largement disséminé. Malgré la diminution du nombre de points de peuplement et le déclin manifeste de certains établissements, on ne constate ni regroupement ni concentration, sauf peut-être, mais à une échelle très vaste, vers certaines vallées. La dispersion de l'habitat semble être toujours la règle. Une plus grande densité d'établissements tardifs autour de certaines villes, comme Tongres ou Cambrai, suggère cependant un resserrement autour des chefs-lieux de cités.
3. Disparités des situations régionales. L'habitat rural tardif du nord de la Gaule présente de fortes disparités régionales et même micro régionales. Des terroirs proches et aux caractéristiques physiques homogènes connaissent des niveaux de peuplement très différents, certains laissant apparaître une forte permanence du peuplement, d'autres au contraire un fort déclin, voire un abandon. L'image d'un peuplement en " peau de léopard " est souvent avancée pour caractériser ce type d'occupation. L'analyse montre que ce sont souvent les terroirs déjà les plus fragiles au Haut Empire et les moins favorables à l'agriculture qui sont délaissés les premiers. Ces terroirs ne sont pourtant pas complètement abandonnés. On y trouve des sites plus petits qu'auparavant, apparemment aussi plus pauvres. L'impression qui domine aujourd'hui est celle de terroirs voués davantage à l'élevage extensif avec de petites installations de bergers ou bouviers, se démarquant des habitats plus classiques connus par ailleurs.
4. Variété des situations matérielles. Des fouilles de plus en plus étendues permettent dorénavant de hiérarchiser les formes de l'occupation et de distinguer des niveaux de qualité selon des critères architecturaux comme la taille, le décor, le nombre et la qualité des équipements, ainsi que leur rôle économique. Sans revenir sur la typologie, déjà exposée à plusieurs reprises, il faut noter la diversité des situations d'un habitat à un autre. Pourtant, rien ne permet d'affirmer que l'habitat rural du Bas-Empire dans le nord de la Gaule évolue vers une opposition tranchée entre de très grandes villas très riches et de misérables masures d'une population largement paupérisée et dominée. Dans de nombreuses régions (Bassin parisien, Rhénanie, Picardie, par exemple), on connaît au IVe s. la même variété que durant Haut Empire. L'association de plusieurs villas à des tombes aux mobiliers remarquables permet de penser que certaines d'entre elles devaient toujours appartenir à une classe moyenne.
À côté des villas qui se maintiennent peu ou prou, toute une série d'autres montrent des signes de transformation importants. Dans biens des cas, l'évolution fait apparaître une réduction de la surface occupée, parfois accompagnée d'un remodelage du plan de l'établissement. Traditionnellement, ce phénomène, bien connu dans les villes de la Gaule, est considéré comme un signe de déclin et d'appauvrissement des habitants. Pourtant, certaines études font douter de cette interprétation trop unilatérale et incitent à voir dans la réduction de l'espace avant tout une réorganisation de l'espace et une adaptation des installations agricoles à de nouvelles conditions de travail et à de nouvelles contraintes économiques. Que celles-ci s'accompagne dans certains cas d'un appauvrissement est vraisemblable, mais cela demande dans chaque cas une argumentation plus poussée. D'autres établissements, enfin, font apparaître de véritables signes de déclin.
5. Utilisation accrue du bois dans la construction. Dès le début du IVe s., l'utilisation du bois et de la terre devient prédominante dans les nouvelles constructions, tant pour les bâtiments résidentiels que pour les bâtiments d'exploitation. Si la pierre ne disparaît pas en tant que matériau de construction, le bois est manifestement apprécié pour sa plus grande rapidité d'exécution et pour son moindre coût, diminuant d'autant la part des investissements immobiliers.
6. Abandon progressif des signes de la culture antique. Globalement, l'évolution de l'habitat rural s'inscrit dans une perspective d'effacement des formes gallo-romaines. Cette mutation n'est ni uniforme ni linéaire durant les IVe et Ve s. Seule une approche régionale permet de suivre le processus dans le détail. Inversement, les formes les moins marquées par la romanitas deviennent plus visibles et sont rapidement prédominantes à partir du milieu du IVe s. Bien que la question des influences extérieures se pose inévitablement en raison du contexte politique et social particulier de l'époque, c'est pourtant dans une transformation interne au monde rural gallo-romain qu'il faut rechercher l'origine des formules qui caractérisent l'habitat du haut Moyen Age dans le nord de la Gaule. Le foisonnement rapide des constructions en bois dans les habitats ruraux de l'Antiquité tardive ne s'explique sans doute pas autrement
7. Apparition d'un habitat germanique en Gaule. Un dernier trait majeur du monde rural de l'Antiquité finissante réside dans l'apparition en Gaule d'un habitat germanique, très différent par son organisation et les plans de ses constructions des établissements gallo-romains traditionnels. En l'état des connaissances, les plus anciens datent du milieu ou de la seconde moitié du IVe s. Leur organisation se caractérise par le groupement d'une ou de plusieurs grandes constructions, de bâtiments plus petits, de greniers sur poteaux et d'un nombre variable de fonds de cabane. L'agencement interne de ces sites, mais aussi la physionomie générale des grandes maisons, dont le plan d'une longueur de 20 m à 30 m et d'une largeur de 6 m à 8 m subdivisé en trois vaisseaux, présentent des affinités avec les maisons étables connues à la même époque à l'est du Rhin, dans la Germania Libera.

L'habitat rural mérovingien dans le nord-ouest de l'Europe de la fin du Ve au VIIIe siècles
Laurent VERSLYPE, FNRS Université catholique de Louvain

L'archéologie des habitats mérovingiens de nos régions s'inscrit dans une dynamique somme toute relativement récente de la recherche : depuis la fin des années septante du siècle dernier, les données s'accumulent çà et là, des sites de référence émergent tant en France qu'aux Pays-Bas, en Allemagne, et dans une moindre mesure en Belgique aussi. Ils continuent donc progressivement, sinon de bouleverser, de préciser au moins les idées que nous avions de l'organisation des établissements mérovingiens, alors largement conditionnés par la connaissance des structures d'habitat de l'Antiquité tardive d'une part et par les documents écrits carolingiens d'autre part. Cet enchâssement poussa longtemps les chercheurs à tenter d'imaginer un chaînon manquant mérovingien, les uns se penchant sur la continuité des structures gallo-romaines, indigènes ou germaniques du Bas-Empire, les autres étudiant la genèse des grands domaines carolingiens. Aujourd'hui, tant la période carolingienne que mérovingienne sont mieux caractérisées sur le plan matériel.
Nous envisagerons l'examen des habitats de nos régions sous un double aspect. Le premier concerne les spécificités des modes régionaux de construction et la continuité des traditions architecturales identifiées à cet égard. L'observation élémentaire porte notamment sur les types d'édifices (planimétrie, dimensions), et sur la répartition géographique des structures associées. Le deuxième aspect concerne les fonctions des types de bâtiments répertoriés. Mais ce sera surtout l'occasion de souligner nos carences dès qu'il s'agit d'approfondir la compréhension de l'économie des habitats identifiés. A vrai dire, c'est à l'organisation générale des établissements - quand l'emprise des fouilles et la nature des vestiges l'autorisent - qu'il faut se vouer pour restituer voire imaginer le mode de fonctionnement des établissements ruraux mérovingiens. Ici, le poids des innovations au regard de celui des traditions porte tout sons sens. Pour la période considérée, nous résumerions volontiers nos observations en un trinôme de base : permanence architecturale, émancipation culturelle et mutation économique.
Durant le Bas-Empire en effet, le regain des modes de construction en bois tant dans des contextes ruraux qu'urbanisés, et par ailleurs permanents depuis la période laténienne et à travers toute la période gallo-romaine, coïncide avec l'introduction progressive de nouveaux types de structures bâties. En premier lieu, il semble que les structures mérovingiennes que nous pouvons qualifier de classiques reposent sur l'évolution du monde rural gallo-romain, et de ses caractères dits indigènes. Dans ce cadre néanmoins, depuis la fin du IIIe s., l'influence de traditions germaniques de construction et d'exploitation des ressources vont marquer de leur empreinte certains établissements liés à des noyaux de peuplement allogènes. Leurs natures et les motifs de leur présence varient d'une région à l'autre selon les types de communautés pour peu qu'elles soient identifiables, et selon que l'on situe dans les terres ou aux franges de couloirs d'implantations ou de pénétration tel le littoral. Les terres colonisées, dûment allouées ou appropriées par divers groupes germaniques ou d'ascendence germanique, sont révélées par des établissements dont les prototypes se situent au-delà du Rhin. Leurs évolutions dans les typologies sont comparables depuis les sites saxons de la Haute-Normandie jusqu'en Drenthe, en Saxe septentrionale et au sud de la Scandinavie, au Danemark par exemple. En ce qui nous concerne, le littoral et la Campine belges illustrent par exemple la continuité de ces traditions septentrionales de construction germanique du VIe au XIIe s. La diffusion du fond de cabane est également symbolique à cet égard, surtout dès que l'on en considère l'incorporation largement répandue aux schémas mérovingiens classiques d'unités rurales agricoles ou artisanales. Sa présence ou son absence est également révélatrice des contrastes régionaux dans les spécificités et l'organisation de l'exploitation des ressources de nos campagnes.
Globalement enfin, la taille de tous ces établissements, leur organisation interne et leur place dans le paysage rural, répondent conjointement à une évolution du paysage économique rural, et des relations entre les pôles économiques éventuellement urbains et les campagnes. Le problème des propriétés, de leur nature et de leur taille à la fin du Bas-Empire, se pose quasiment dans les mêmes termes à la période mérovingienne, qui prit naturellement son élan sur ces bases. Nous poserons donc la question suivante : la fusion mérovingienne donne-t-elle un sens économique et social intelligible à l'habitat rural ? Cette fois, les progrès conjoints de l'archéologie funéraire, religieuse et des habitats, autorisent de proposer plusieurs schémas soit d'évolution interne des établissements, soit d'occupation du sol dans des régions spécifiques des royaumes du Nord-Ouest européen. Les caractères, les prérogatives et l'émancipation des aristocraties sont par exemple autant de thèmes majeurs dans l'approche des partages administratif et foncier des territoires, et donc aussi de la répartition des sites d'habitat. Ceux-ci trouveront nécessairement bientôt dans ce cadre un contexte d'interprétation moins caricatural qu'à l'heure actuelle. Sur base des analyses structurelles et de quelques sites de référence où convergent toutes les disciplines de l'archéologie mérovingienne, nous en ferons cependant encore écho.

 

L'habitat rural du Nord de la France du IXe au XIIe siècle : héritages, mutations et innovations
Edith PEYTREMANN, Université de Caen - CRAHM

 

L'habitat rural des IXe s.-XIIe s. résulte d'une combinaison d'éléments hérités, de transformations et d'innovations.
L'héritage antique est essentiellement perceptible dans l'aménagement du territoire : voies, parcellaires, mais également dans l'art de bâtir en bois et en terre. L'héritage récent se traduit dans la topographie groupée de l'habitat, dans son ordonnancement plus strict et dans l'économie qui s'ouvre à l'artisanat.
Les mutations concernent les constructions de meilleure qualité, moins consommatrices d'espace, l'amélioration du confort interne, la topographie avec un renouvellement du parcellaire et le développement plus affirmé d'espaces réservés aux équipements communautaires, l'augmentation de l'artisanat.
Les innovations correspondent non seulement à la création de nouveaux types d'habitats mais aussi à l'émergence de nouvelles classes sociales résidant à la campagne.
Ce processus de concentration et d'extension des habitats, amorcé au milieu du VIIe s. et achevé au XIIe s. voire au XIIIe s., conduit du village alto médiéval au village médiéval. C'est certainement, la principale innovation qui résulte de la dynamique du développement de l'habitat.