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http://elias.ens.fr/hss2001/logement/realisations/letchworth.html
Letchworth, première cité-jardin britanniqueBruno Vidal
I. Un projet socialiste, une gestation difficileEn 1903 Ebezener Howard fonde la Garden City Pioneer Company. Elle vise à promouvoir et trouver un site où construire la ville. Le site de Letchworth est trouvé. Il se situe à 60 km de Londres. En 1905 se construit la première maison. Dans son ouvrage, To-morrow a peaceful path to real reform (1899) Howard définit la cité-jardin comme un organisme urbain qui vise à réaliser une synthèse de la ville et de la campagne. Howard rassemble ses thèses sociales et réalise un idéal puritain. Michel Ragon perçoit ce projet comme emprunt des premières idées socialistes, alors que A. Saint y voit une influence des idées anarchistes (phalanstère de Fourrier) et réformatrices. Pour mener à bien son projet Howard pose plusieurs principes :
Les industries périphériques installées à Letchworth étaient toutes de petite taille (fabrique de meuble, chaussure, vêtements, conserves). L'évolution industrielle voue ces activités à péricliter. Letchworth se fonde sur le principe de l'autosuffisance. Sur les 5000 ha 66% sont cultivés. Cette autosuffisance est une idée qui finit par s’imposer. C’est le projet d’une utopie sociale qui regroupe des pionniers puritains. Les cultures devaient fournir l'agglomération en produits frais, les industries le travail et donc le salaire pour vivre à Letchworth. Les plans de construction sont confiés à Barry Parker, et Raymond Unwin. Celui-ci délaisse rapidement le projet. Unwin ne respecte pas le tracé rectiligne d’Howard (suivant ainsi les prescriptions de Camillo Sitte) et adopte un tracé sinueux. Il fait passer la ligne de chemin de fer inter municipale au centre la ville. La construction de Letchworth est lente et décourage même Howard (qui s'y installe jusqu'en 1921). De 1911 à 1931 sa population est multipliée par 3 mais n'atteint pas la moitié des la population prévue. Letchworth ne devient une commune qu’en 1919. A Letchworth l’expansion de la ville est limitée par la ceinture de culture qui lui assure son autonomie. La taille était déterminée pour que n’importe quel habitant puisse se rendre indifféremment à la ville ou bien à la campagne sans avoir à prendre un moyen de transport. Pourtant la cité se situe à 60 km de Londres opérant ainsi une véritable coupure avec les grandes métropoles. Letchworth a inspiré les villes nouvelles anglaises, l’architecture hollandaise et allemande, et le programme des villes nouvelles en France après la 2nd guerre mondiale. L’autarcie est une idée reprise dans la politique d’aménagement du gouvernement dans les 50’s. II. Le pavillon : entre conformisme et personnalisationLa Cité jardin est conçue au début du siècle pour répondre à une mutation sociale et urbaine profonde, trouver un habitat susceptible d'accueillir les "classes nouvelles" (Gambetta). Les souscripteurs se voyaient allouer des baux de 99 ans (ils ne pouvaient espérer une rentabilité supérieure à 5% par an tout le surplus était utilisé pour la construction de la cité). Les habitants sont des classes moyennes et ils vivent ici par choix, et non par obligation de production Les pavillons participent d'un projet gestionnaire de la taille, de l’aménagement industriel, de réforme de l’habitat, des problèmes d’hygiènes et de l’alcoolisme, des loisirs, et des rapports sociaux Elle attire des idéalistes, plutôt que des commerçants. Au début c’est une ville de marginaux (adeptes de l’alternative religion, du rationnal dress). Pourtant la communauté incarne un idéal puritains (l’alcool est interdit). Le postulat conceptuel des maisons est que le plaisir de l’œil et économie sont compatibles. Il a fallu des dérogations à la loi sur les banlieues de Londres pour construire (largeur des rues, obligation de murs de séparation apparent traversant le toit comme pare-feu pour les maisons en toit en terrasse).
Chaque maison doit être entourée d’un jardin même si son architecture était assez libre. Elle ne doit pas avoir plus de 2 étages. L’ardoise est interdite pour les toits, les tuiles et la chaume préconisées. La densité de maisons ne doit pas dépasser 60 par ha. Le loyer à Letchworth est organisé en coopérative (ce qui est une des raisons de la lenteur de son développement). Les ouvriers, mal payés, quittent la cité et pour les villes voisines. Malgré la salubrité reconnue (l’indice de mortalité le plus bas au monde) la cité ne parvient pas à attirer la population. 2 principes architecturaux :
Les maisons sont le plus souvent à toit à pignons, des murs en briques ou en hourdis. Le soucis porte sur les détails (lieu de variations architecturales). Les règles portent aussi sur l’arrière des maisons qui doit s’intégrer au voisinage. Il est mal vu de réaliser des extensions à l'arrière de sa maison. Le pavillon à 2 étages s'impose comme le modèle dominant. L’après seconde guerre mondiale une réaction contre le style vernaculaire mièvre apparaît. C'est le retour d’un style géorgien du 18éme (plus de boîtes blanches comme en Fr et en All). Ce sont les briques rouges.
Bibliographie : Andrew Saint, "Les cités-jardins britainniques. Questions de réputation et de conservation", in Cités, cités-jardins: une histoire européenne, Paris, Talence, Editions de la Maison des sciences de l'homme de l'Aquitaine, 1996. Michel Ragon, Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes, Paris, Points Seuil, Essais.
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